Extrait idiosyncrasique d' un discours de feu Jean Rostand (1894-1977) qui fut prononcé le 15 novembre 1968 à la Mutualité à Paris. Des extraits en furent lus à Europe 1 par feu Georges Brassens (1921-1981), qui en recommanda la lecture. Feu Jean Rostand fut l' un des plus grands savants français, et en autres choses diverses, fut aussi le poète des crapauds et des grenouilles, comme feu J.H. Fabre (1823-1915) fut le poète des insectes, et n'oublions pas qu'il y a 200 millions d' insectes par individu, et j' ai donc eu la chance de correspondre avec feu Jean Rostand lorsque j' étais jeune, à une époque où je m' intéressais grandement à l' erpétologie.
Long extrait d' un discours de feu Jean Rostand
" Chers amis
Comment peut-on être Persan? s' écriait-on au siècle de Montesquieu.
Moi, je dirais volontiers aujourd'hui : Comment peut-on ne pas être citoyen du monde?
Quand on voit les atrocités, les injustices, les exactions commises au nom de l' idole patrie;
quand on voit à quelles sanglantes impasses conduisent tous les nationalismes; quand on voit comment, pour un peu de pétrole, de cobalt, ou d' uranium, les sentiments les plus élémentaires d' humanité se trouvent bafoués; quand on voit comment les exigences de l' égoïsme sacré font bon marché de la vie et de la dignité humaine, s' il s' agit d' assurer la possession d' une matière première ou d' une zone d' influence, quand on voit les sommes fabuleuses gaspillées pour des armements qui ne serviront jamais, ou qui, si par malheur ils servaient, mettraient en péril l' espèce entière, autrement dit, quand on voit les peuples se ruiner, ou pour rien, ou pour leur suicide : quand on songe qu' avec ces dépenses militaires on pourrait créer partout l' abondance annoncée par Jacques Duboin, résoudre tous les problèmes économiques et sociaux - à cause desquels le monde est divisé en blocs antagonistes ; quand on songe à tout ce que la science , la médecine, la culture, la démocratie pourraient gagner à une pacification du monde qui libérerait tant de puissance
et d' énergie , absorbées jusqu'ici par l' oeuvre de mort; comment ne pas rêver , tout au moins, d' une humanité sans frontières et capable enfin de se consacrer à des tâches non plus mesquinement nationales, mais planétaires.
Le spectacle que donne présentement le monde n' est pas fait pour rassurer les amis de la paix. Jamais, il n' a paru plus désuni et plus éloigné de l' union. Partout flambent les nationalismes, les chauvinismes, les racismes, les fanatismes.
Partout règnent en maître l' esprit de rivalité, la volonté de domination, la sauvagerie des soi-disant civilisés.
Armer l' esprit de l' enfant pour que sa main n' ait plus à être armée : voilà une belle formule. Oui, débarrasser , purger les manuels scolaires de tout ce qui peut nourrir les funestes séparatismes; épargner aux collégiens le sinistre récit des batailles; se garder de leur détailler les beautés de la stratégie napoléonienne, leur faire comprendre qu'un boucher sur un trône n'en est pas moins un boucher et que les arcs de triomphe et les colonnes Vendôme ne sont que des reliques d'une proche barbarie : les initier aux découvertes scientifiques et aux progrès de la justice, plus qu'aux prouesses meurtrières; les pénétrer de cette notion qu'aucune guerre n' est belle, qu'aucune victoire n' est glorieuse - puisque les te Deum
se chantent sur les charniers, leur enseigner dès le plus jeune âge qu'aucun peuple ne vaut plus qu'un autre, qu'aucune race n' est supérieure à une autre, qu'aucune patrie ne s'est au cours des temps noblement conduite plus qu'une autre; leur montrer qu'il n'est pas d'histoire nationale qui ne soit un tissu de férocités et de félonies; bannir des programmes tout ce qui peut contribuer à mettre dans l'esprit des jeunes un sentiment de primauté nationale, en quelques domaine que ce soit ; matériel, spirituel, moral.
Un de mes amis, professeur d'histoire, me citait naguère , le mot d'un écolier, qui venait de recevoir son livre d'histoire; " J'ai reçu mon livre de guerre " . Et bien, nous ne voulons plus que les livres d'histoire soient des livres de guerre.
Pour moi, être pacifiste, ce n'est pas forcément être prêt à tout sacrifier à la paix, mais c'est quand même être capable de lui sacrifier beaucoup de choses et à quoi l'on tient.
C'est voir obstinément en toute guerre la gigantesque erreur judiciaire que fait la somme des peines capitales infligées à tant d'innocents; c'est ne pas consentir aux grossières simplifications et falsifications que diffusent les propagandes pour attiser les haines ; c'est refuser d'égrener le chapelet des slogans de commande et des calomnies de consigne; c'est ne pas clamer qu'on veut la paix quand on fait le jeu des fanatismes qui la rendent impossible; c'est dénoncer sans relâche l'atrocité, l'ignominie de la guerre, mais se garder d'imputer à l'un des belligérants des atrocités hors série; c'est s'interdire de dénoncer d'un côté ce qui se fait ou se ferait aussi du côté adverse; c'est condamner, dans tous les camps; les jusqu'au-boutismes et les intransigeances; c'est s'affliger quand, pour quelque cause que ce soit, on voit un fusil entre les mains d'un enfant; c'est être obsédé par les fantômes de tous ceux qui sont morts pour rien; c'est préférer que les réconciliations devancent les charniers; c'est n'être jamais sûr d'avoir tout à fait raison quand on souscrit à la mort des autres...
Un monde uni ne pourra être bâti que par des hommes et des femmes ayant au coeur ce pacifisme-là . "
Jean Rostand ( 1968 )
Patrice Faubert (2012) pouète, peuète, puète, paraphysicien, Pat dit l'invité sur "hiway.fr"
Speech of Jean Rostand
Extract idiosyncrasic of a speech of fire Jean Rostand (1894-1977) which was marked on November 15th, 1968 with Reciprocity in Paris. Extracts were read by it in Europe 1 by fire Georges Brassens (1921-1981), which recommended the reading of it. Feu Jean Rostand was one of largest French scientists the, and in other various things, was also the poet of the clamping plates and frogs, as fire J.H. Fabre (1823-1915) was the poet of the insects, and do not forget that there is 200 million insects per individual, and I thus was likely to correspond with fire Jean Rostand when I was young, to one time when I was interested largely in the erpetology.
Long extract of a speech of fire Jean Rostand
“Dear friends
How can one be Persan? one exclaimed at the century of Montesquieu.
Me, I would say readily today: How can one not be citizen of the world?
When the atrocities are seen, the injustices, exactions made in the name of the idol fatherland;
when one sees to which bloody dead ends all nationalisms lead; when it is seen how, for a little oil, of cobalt, or uranium, the most elementary feelings of humanity are ridiculed; when it is seen how the requirements of crowned selfishness make cheap life and human dignity, if it is a question of ensuring the possession of a raw material or a zone of influence, when one sees the fabulous sums wasted for armaments which will never be useful, or which, so by misfortune they served, would put in danger the whole species, in other words, when one sees the people ruining themselves, or for nothing, or their suicide: when one thinks that with this military expenditure one could create everywhere the abundance announced by Jacques Duboin, to solve all the economic and social problems - because which the world is divided into antagonistic blocks; when one thinks of all that science, medicine, the culture, the democracy could gain with a pacification of the world which would release such an amount of power
and of energy, absorptive up to now by the work of death; how not to dream, at least, of a humanity without borders and able finally to be devoted to tasks either pettily national, but planetary.
The spectacle which the world gives at present is not made to reassure the friends of peace. Never, it appeared more divided and further away from the union. Everywhere nationalisms, chauvinisms, racisms, fanaticisms flame.
Everywhere reign as a Master the spirit of competition, the will of domination, the brutality of supposedly civilized.
To arm the spirit with the child so that its hand does not have to be armed any more: here is a beautiful formula. Yes, to disencumber, purge the school handbooks of all that can nourish disastrous separatisms; to save to the schoolboys the sinister account battles; to take care not to detail the beauties of the Napoleonean strategy to them, to render comprehensible to them that a butcher on a throne is not less one to stop and that the triumphal arches and the Vendôme columns are only relics of a close cruelty: to initiate with the scientific discoveries and progress of justice, more than with the fatal prowesses; to penetrate of this concept that no war is beautiful, that no victory is glorious - since Te Deum
sing themselves on the mass graves, to teach to them as of more the young age which no people are worth more than another, than any race is not higher than another, than no fatherland during time nobly acted more than another; their to show that it is not national history which is not a fabric of ferocities and disloyalties; to banish programs all that can contribute to put in the spirit of the young people a feeling of national primacy, in some field that it is; material, spiritual, moral.
One of my friends, professor of history, quoted me at one time, the word of a schoolboy, who had just received his book of history; “I received my book of war”. And well, we do not want any more that the books of history are books of war.
For me, pacifist being, it are not inevitably to be ready with all to sacrifice to peace, but is nevertheless to be able to sacrifice many things to him and with what one holds.
It is to obstinately see in any war the gigantic miscarriage of justice that made the sum of the capital punishments inflicted with so many innocent; it is not to grant coarse simplifications and falsifications which propaganda diffuse to poke hatreds; it is to refuse to shell the chain of the slogans of order and calumnies of instruction; it is not to protest which one wants peace when one plays the game of fanaticisms which make it impossible; it is to denounce without slackening the atrocity, the ignominy of the war, but to take care not to charge to the one of the belligerents of the atrocities except series; it is to avoid denouncing on a side what is done or would be made also unfavourable side; it is to condemn, in all the camps; until - boutisms and intransigences; it is to afflict itself when, for some cause that it is, one sees a rifle between the hands of a child; it is to be obsessed by the phantoms of all those which died for nothing; it is to prefer that the reconciliations precede the mass graves; it is not to be never sure to be right completely when one subscribes to the death of the others…
A plain world could be built only by men and women having in the middle this pacifism. “
Jean Rostand (1968)
Patrice Faubert (2012) pouète, peuète, puète, paraphysician, Pat says the guest on “hiway.fr”