Ariel Sharon nargue son allié américain
Jean | 09.04.2002 14:31
Ariel Sharon nargue son allié américain
Ariel Sharon nargue son allié américain
'est un vrai défi à l'allié américain, qui, depuis plusieurs jours, lui
demande de retirer ses troupes de Cisjordanie. Hier matin, dans
un long discours à la Knesset, le Premier ministre israélien a
affirmé qu'il poursuivrait son offensive sur le territoire palestinien
jusqu'à la destruction de toutes les «infrastructures terroristes», en
d'autres termes, qu'il serait seul juge du meilleur moment pour le
retrait des troupes. Les Etats-Unis n'ont guère apprécié le message.
L'émissaire américain, Anthony Zinni, a rencontré hier soir Sharon, à
qui il a cru bon de préciser que Bush était «tout à fait sérieux» en
exigeant un retrait immédiat. Dépêché en catastrophe au
Proche-Orient, le secrétaire d'Etat Colin Powell est arrivé hier au
Maroc, mais il n'est pas attendu à Jérusalem avant vendredi. Tard
dans la soirée, Sharon faisait néanmoins une concession en ordonnant
à Tsahal d'entamer son retrait de Tulkarem et Kalkilia, tout en
maintenant ces localités étroitement encerclées.
Boucliers humains. Comme pour convaincre du sérieux des
intentions de Sharon, de violents combats ont continué à faire rage
hier à Naplouse et à Jénine, dans le nord du territoire, et certaines
organisations humanitaires n'avaient plus de mots assez forts, dans la
soirée, pour décrire les conditions de vie auxquelles sont désormais
soumis les Palestiniens. Selon l'organisation israélienne des droits de
l'homme Betselem, des soldats de Tsahal sont ainsi entrés hier dans
une mosquée de la vieille ville de Naplouse, où avait été improvisée
une clinique, en utilisant des civils palestiniens comme «boucliers
humains». Les militaires auraient ensuite fouillé sans ménagement les
cadavres avant de vérifier les identités de tous les blessés. Selon un
médecin palestinien, Tsahal aurait entrepris d'évacuer des habitants du
quartier historique de Naplouse dans le but d'isoler les hommes armés
des civils. Hier soir, l'armée israélienne affirmait avoir pris le contrôle
de la vieille ville, hormis «quelques poches de résistance».
A Jénine, où deux soldats ont été tués, l'armée israélienne a pilonné
toute la journée le camp de réfugiés de la ville à coups de missiles
lancés par des chars et par des hélicoptères. Au bulldozer, les soldats
ont démoli les maisons par dizaines, afin de se frayer un passage dans
les ruelles. Selon les organisations médicales palestiniennes, le camp
n'a plus ni électricité ni eau depuis cinq jours, cadavres et blessés
joncheraient le sol, tandis que les habitants en seraient réduits à boire
l'eau sale ruisselant dans les allées. On parle de plus d'une centaine de
Palestiniens tués en cinq jours pour ce seul camp de 15 000
personnes, d'où étaient originaires nombre d'auteurs des plus terribles
attentats-suicides commis ces derniers mois.
Zones tampons. Selon Ariel Sharon, qui a de nouveau accusé
Yasser Arafat d'avoir créé «un régime terroriste», les forces armées
israéliennes ont mis la main, depuis le début de la réoccupation de la
Cisjordanie, sur plus de 1 500 Palestiniens recherchés, dont plus de
500 «ont du sang israélien sur les mains». «La terreur semble
avoir maintenant cessé, et ses éléments opérationnels ne
cherchent plus qu'à sauver leur vie. Quand je dis maintenant, je
veux dire aussi longtemps que les forces israéliennes resteront
là-bas», a déclaré hier matin le Premier ministre israélien, en affichant
ainsi son intention de maintenir une présence militaire durable dans les
territoires. Selon ses explications, Tsahal devrait se replier dans des
«zones de sécurité», ou «zones tampons», qui seront établies en
Cisjordanie, grignotant encore la surface allouée aux Palestiniens, le
long de la «ligne verte» qui sépare Israël des territoires.
«En tuant 500 terroristes, est-ce que nous n'en créons pas 1 000
ou 2 000 supplémentaires ?», a interrogé hier Yossi Sarid, le chef
de l'opposition israélienne, à la tribune de la Knesset, en reflétant
l'atterrement de cette petite frange de la population israélienne qui voit
dans cette dernière offensive, génératrice de souffrances,
d'humiliations et de haines, un facteur d'accélération des actes
terroristes.
Pour l'heure, les Israéliens, dans leur grande majorité, soutiennent leur
Premier ministre, savourant chaque instant de cette semaine sans
attentat. La radicalisation de la population a été reflétée hier par
l'entrée dans le gouvernement Sharon de trois nouveaux ministres de
droite, dont le nouveau chef du Parti national religieux, représentant
les colons, considéré comme «raciste» par les travaillistes.
Jean
e-mail:
eec@post.com
Homepage:
http://uk.geocities.com/heinzreport