TGV Lyon-Turin, 6-8 décembre : colère et rebondissements autour de Venaus
aliena | 10.12.2005 04:33 | Ecology | Repression | World
Cela fait cinq mois que la "coopérative rouge" CMC essaie de mener à bout l'expropriation de 84 terrains à Venaus (Val de Suse, Italie), afin de commencer les travaux d'une galerie de service de 10 km, prélude au percement d'un tunnel de 53 km, la pièce maîtresse du chantier du TGV Lyon-Turin. A chaque tentative (29 juin, 6 octobre), la mobilisation de la population de la vallée, largement opposée au TGV, l'en a physiquement empêchée. Le 30 novembre, la CMC revient à la charge, mais 5000 personnes l'attendent à nouveau de pied ferme, marquant le début d'une occupation nuit et jour des terrains de Venaus.
Mardi 6 décembre, en pleine nuit, les 200 personnes qui campaient à Venaus sont réveillées par des coups de matraque : l'expulsion des terrains a lieu dans une violence disproportionnée.
"Je suis un journaliste de la Stampa (quotidien du Piémont), cette nuit j'étais au campement anti-TGV e j'ai vu de mes yeux ce qui s'est passé : peu après 3h30, policiers, CRS et carabiniers sont arrivés en force (au moins cinquante fourgons, plus de 500 personnes à vue d'oeil et dans la frénésie du moment, qui a été très long), ils ont chargé et frappé jeunes et vieux. L'un qui dormait, enveloppé dans les couvertures et allongé par terre ; l'autre, plus pacifique que jamais, frappée au front et sanguinolente ; un vieux, qui devait avoir 70 ans, jeté au sol et battu..."
Carlo Grande
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/938389.php
"Ca a été une action infâme de la police, comme on en a vu seulement à Gênes - raconte Alberto Pierino, quinquagénaire, ex-directeur de banque et coordinateur de l'un des comités de la vallée - ils ont agressé quiconque se trouvait sur leur passage. Aucun d'entre nous n'a réagi. Mais la vallée saura répondre à cette provocation ; nous, nous avons fait la Résistance, ici ils ne passeront pas. Ils ne feront aucun Jeu Olympique."
(...)
La réponse de la vallée a été immédiate, grèves spontanées dans les écoles et dans les usines (...), manifestations sur la route entre Avigliana (d'où une auto de la municipalité, munie d'un haut-parleur, a invité les gens à se mobiliser) et Oulx, rapide assemblée sur la place du Marché à Bussoleno, et des blocages de partout.
(...)
Des gens comme Barbara De Bernardi, enseignante de religion et maire de Condovè qui, avec les deux curés du village, s'est mise en première ligne des blocages, afin de conjurer la menace de la charge de police pour libérer la Nationale : "la vallée s'est arrêtée, l'indignation est telle que nous n'avons pas besoin de nous réunir ; les blocages et les places sont nos lieux de rencontre."
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/940642.php
La colère se répand dans toute l'Italie, et le jour même, des actions de solidarité ont lieu dans les grandes villes. A Turin plusieurs usines se mettent en grève, et des manifestations de 500 à 2000 personnes parcourent la ville, une fois dans l'après-midi et une deuxième fois le soir : blocage pendant une heure des quais de la gare principale, arrachage des stores d'un "magasin qui vend des gadgets des Jeux Olympiques de Turin 2006" (d'après le quotidien la Stampa), "actes de vandalisme" sur la voiture de la présidente de la Région Mme Bresso, destruction de la vitrine d'une banque, "dommages" sur deux véhicules de la police municipale, un agent de police blessé à la tête, et "les murs des bâtiments, qui avaient été fraîchement repeints en vue des Jeux Olympiques, barbouillés d'inscriptions injurieuses sur le ministre Pisanu, Mme Bresso, la Digos [Renseignements généraux italiens]" (d'après le quotidien il Sole). Des communistes s'empressent de se dissocier de ces actes et invitent les manifestants, en bons citoyens-flics, "à photographier tout ce qui se passe autour du cortège". Le gouvernement, lui, braque les projecteurs sur ces violences, occultant celles qu'il inflige lui-même au val de Suse. "Des groupes de l'extrême-gauche, du courant antagoniste et de l'anarcho-insurrectionnalisme tentent d'étendre les désordres du val de Suse à Turin, Rome, Milan et autres villes. Le gouvernement est fermement décidé à s'opposer à ce dessein qui n'a rien à voir avec la protestation pacifique de la vallée".
( http://www.rdbcub.it/2005_notav_index.htm)
"Pendant que le gouvernement déverse ses fermes bénédictions sur les crânes des collectivités du val de Suse, pour sonder l'impact environnemental de la matraque dans les zones alpines, la protestation s'étend aux centres urbains. Comme dans les banlieues parisiennes on craint la violence métropolitaine, mais celle des groupes extrémistes de gauche, puisque nous n'avons malheureusement pas encore assez d'africains naturalisés à insérer tout en bas de l'échelle sociale et tout en haut de celle des responsables quand il est question de subversion. (...) L'activité terroriste en Italie est encore associée à la gauche."
http://maxrob.splinder.com/
Le lendemain mercredi 7, les rassemblements continuent dans plus de 10 villes à travers l'Italie et la Suisse.
Jeudi 8 décembre, une marche est organisée de Suse à Venaus, sous la neige : 30.000 personnes reprennent possession des terrains évacués le 6, l'espace de quelques heures, en débordant les forces de l'ordre par des sentiers de montagne, tenant des barricades sur les routes, organisant une assemblée sur place...
( http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&id=1646)
Quelques photos :
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/940596.php
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/940889.php
Gardons en tête la date du 17 décembre : une grande manifestation est prévue... Pour mémoire, le val de Suse c'est juste derrière la frontière, à 150 km de Chambéry, 200 de Grenoble ou Annecy, 250 de Lyon ou Genève...
Plus d'infos en français :
Rebellyon
http://rebellyon.info
Indymedia-Grenoble
http://grenoble.indymedia.org
Une article de la FA Chambéry qui présente la lutte dans son ensemble
http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&id=1615
Une association écolo du val de Suse
http://www.legambientevalsusa.it/MAIN_francais.htm
Pour ceux qui lisent l'italien :
Indymedia-Piémont
http://italy.indymedia.org/features/piemunt/
Non aux Jeux Olympiques 2006
http://nolimpiadi.8m.com/mainita.html
"Je suis un journaliste de la Stampa (quotidien du Piémont), cette nuit j'étais au campement anti-TGV e j'ai vu de mes yeux ce qui s'est passé : peu après 3h30, policiers, CRS et carabiniers sont arrivés en force (au moins cinquante fourgons, plus de 500 personnes à vue d'oeil et dans la frénésie du moment, qui a été très long), ils ont chargé et frappé jeunes et vieux. L'un qui dormait, enveloppé dans les couvertures et allongé par terre ; l'autre, plus pacifique que jamais, frappée au front et sanguinolente ; un vieux, qui devait avoir 70 ans, jeté au sol et battu..."
Carlo Grande
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/938389.php
"Ca a été une action infâme de la police, comme on en a vu seulement à Gênes - raconte Alberto Pierino, quinquagénaire, ex-directeur de banque et coordinateur de l'un des comités de la vallée - ils ont agressé quiconque se trouvait sur leur passage. Aucun d'entre nous n'a réagi. Mais la vallée saura répondre à cette provocation ; nous, nous avons fait la Résistance, ici ils ne passeront pas. Ils ne feront aucun Jeu Olympique."
(...)
La réponse de la vallée a été immédiate, grèves spontanées dans les écoles et dans les usines (...), manifestations sur la route entre Avigliana (d'où une auto de la municipalité, munie d'un haut-parleur, a invité les gens à se mobiliser) et Oulx, rapide assemblée sur la place du Marché à Bussoleno, et des blocages de partout.
(...)
Des gens comme Barbara De Bernardi, enseignante de religion et maire de Condovè qui, avec les deux curés du village, s'est mise en première ligne des blocages, afin de conjurer la menace de la charge de police pour libérer la Nationale : "la vallée s'est arrêtée, l'indignation est telle que nous n'avons pas besoin de nous réunir ; les blocages et les places sont nos lieux de rencontre."
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/940642.php
La colère se répand dans toute l'Italie, et le jour même, des actions de solidarité ont lieu dans les grandes villes. A Turin plusieurs usines se mettent en grève, et des manifestations de 500 à 2000 personnes parcourent la ville, une fois dans l'après-midi et une deuxième fois le soir : blocage pendant une heure des quais de la gare principale, arrachage des stores d'un "magasin qui vend des gadgets des Jeux Olympiques de Turin 2006" (d'après le quotidien la Stampa), "actes de vandalisme" sur la voiture de la présidente de la Région Mme Bresso, destruction de la vitrine d'une banque, "dommages" sur deux véhicules de la police municipale, un agent de police blessé à la tête, et "les murs des bâtiments, qui avaient été fraîchement repeints en vue des Jeux Olympiques, barbouillés d'inscriptions injurieuses sur le ministre Pisanu, Mme Bresso, la Digos [Renseignements généraux italiens]" (d'après le quotidien il Sole). Des communistes s'empressent de se dissocier de ces actes et invitent les manifestants, en bons citoyens-flics, "à photographier tout ce qui se passe autour du cortège". Le gouvernement, lui, braque les projecteurs sur ces violences, occultant celles qu'il inflige lui-même au val de Suse. "Des groupes de l'extrême-gauche, du courant antagoniste et de l'anarcho-insurrectionnalisme tentent d'étendre les désordres du val de Suse à Turin, Rome, Milan et autres villes. Le gouvernement est fermement décidé à s'opposer à ce dessein qui n'a rien à voir avec la protestation pacifique de la vallée".
( http://www.rdbcub.it/2005_notav_index.htm)
"Pendant que le gouvernement déverse ses fermes bénédictions sur les crânes des collectivités du val de Suse, pour sonder l'impact environnemental de la matraque dans les zones alpines, la protestation s'étend aux centres urbains. Comme dans les banlieues parisiennes on craint la violence métropolitaine, mais celle des groupes extrémistes de gauche, puisque nous n'avons malheureusement pas encore assez d'africains naturalisés à insérer tout en bas de l'échelle sociale et tout en haut de celle des responsables quand il est question de subversion. (...) L'activité terroriste en Italie est encore associée à la gauche."
http://maxrob.splinder.com/
Le lendemain mercredi 7, les rassemblements continuent dans plus de 10 villes à travers l'Italie et la Suisse.
Jeudi 8 décembre, une marche est organisée de Suse à Venaus, sous la neige : 30.000 personnes reprennent possession des terrains évacués le 6, l'espace de quelques heures, en débordant les forces de l'ordre par des sentiers de montagne, tenant des barricades sur les routes, organisant une assemblée sur place...
( http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&id=1646)
Quelques photos :
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/940596.php
http://italy.indymedia.org/news/2005/12/940889.php
Gardons en tête la date du 17 décembre : une grande manifestation est prévue... Pour mémoire, le val de Suse c'est juste derrière la frontière, à 150 km de Chambéry, 200 de Grenoble ou Annecy, 250 de Lyon ou Genève...
Plus d'infos en français :
Rebellyon
http://rebellyon.info
Indymedia-Grenoble
http://grenoble.indymedia.org
Une article de la FA Chambéry qui présente la lutte dans son ensemble
http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&id=1615
Une association écolo du val de Suse
http://www.legambientevalsusa.it/MAIN_francais.htm
Pour ceux qui lisent l'italien :
Indymedia-Piémont
http://italy.indymedia.org/features/piemunt/
Non aux Jeux Olympiques 2006
http://nolimpiadi.8m.com/mainita.html
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